284                 MEMOIRES DE PIERRE I>E LESTOILE.
Ne heurte donc La Tour par guerre : La Tour est le heurt du Lorrain.
Plusieurs ont encore reçu avis de la défaite de Par-mée de M. de Joyeuse, commandant en Languedoc pour la Ligue, arrivée le lundi 21 du mois dernier, devant la ville de Villemur; et que ce brave comman­dant, fuyant devant les troupes de M. de Montmorency, s'estoit noyé dans la riviere du Tarn. Et sur ce, le son­net suivant a esté fait r
Joyeuse, fils de Mars, de la Fortune aussi, A qui Theur et la guerre a été si sortable Que de nom et d'effet tu estais redoutable, Bravant, jeune et petit, ce grand Montmorency :
Hé ! d'où vient maintenant que tu laisses ainsi, Eu proye aux ennemis, ton ost épouvantable ? D'où vient qu'un Scipion hardi, fier, indomptable, Fuit de crainte et de peur, et d'effroy tout transi ?
Ha ! c'est un coup du ciel, et tout tel que Maxence Reçut en payement de pareille arrogance, Blasphémateur cruel, infâme en ses amours.
Tu as de ce tyran imité les allures :
Ainsi, pour rendre guais vos misérables jours,
Tarn et Tybre ont lavé et couvert vos ordures*
Le mercredy 21 d'octobre, les Parisiens ayant éprouvé que Odet de La Nouë (0, gouverneur du nouveau fort de Pillebadaut, ne laissoit point passer ni les marchan­dises ni les provisions pour Paris; qu'il refusoit à tous des passeports, et que les autres gouverneurs des places voisines de Paris sui voient son exemple, commencerent à s'allarmer, et à faire des assemblées dans divers quar­tiers : dont le resultat fut d'aller demander à l'hotel dc
(0 Odet de La Nouë : Il étoit fils de François de La Noue , dit Bras de fer. Quoiqu'il fût huguenot, il dit à Henri iv qu'il ne se verroit ja­mais roi et paisible en France, s'il n'alloit à la messe.
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